Le binôme Agadir-Marrakech capte plus des trois quarts des arrivées de touristes du Royaume. Aujourd’hui, la capitale du Souss enregistre la plus forte progression des arrivées de touristes.
Ce qui s’explique en partie par les premières retombées du plan de développement urbain (PDU), la réhabilitation des quartiers, les espaces verts, les loisirs, l’animation, la mise à niveau et la rénovation du parc hôtelier de la corniche et du centre-ville, la station balnéaire Taghazout Bay... L’attractivité touristique de la région Souss Massa puise aussi sa force de la diversification de ses territoires et de ses produits touristiques: littoral, balnéaire, soleil 300 jours par an, patrimoine culturel, les ressources naturelles, le tourisme rural et spirituel, les produits du terroir,...
Selon Noureddine Bourchiche, délégué régional du ministère du Tourisme, «Agadir et région ont enregistré en octobre dernier 72% de taux d’occupation, avec un cumul de 5,6 millions de nuitées depuis le mois de janvier. En termes d’arrivées, nous avons enregistré 1,2 million de visiteurs». Autres indicateurs importants, la ville compte 300 établissements hôteliers classés, soit une capacité de 49.000 lits. Sur la liste aussi, 160 agences de voyages et succursales, en plus d’une centaine de restaurants touristiques.
Un écosystème de 5 activités
Par ailleurs, plus de 140 entreprises de transport touristique opèrent au niveau d’Agadir et la région, tient à préciser le délégué régional du Tourisme. Cette dynamique et ce regain d’intérêt pour le tourisme dans la région Souss Massa s’explique aussi par des actions de structuration et de promotion. «En tant que délégation du Tourisme, nous avons une mission de structuration et de réglementation ainsi que la veille sur la bonne organisation des métiers du tourisme. Il y a 5 principaux métiers/activités qui sont régis par la réglementation touristique: les hôtels, les agences de voyages, la restauration, le transport touristique et les guides», explique Noureddine Bourchiche. Et d’ajouter: «Notre rôle est de veiller à ce que ces différentes activités opèrent dans le respect des normes nationales mais aussi les standards internationaux afin de garantir des prestations de service de qualité». Certes, selon le délégué régional, la région regorge d’atouts naturels très riches.
Mais à eux seuls les atouts naturels ne suffisent pas. La qualité de service, la maîtrise professionnelle des métiers, l’expérience client... sont aujourd’hui des fondamentaux. Tour d’horizon des principales structures qui contribuent à la chaîne de valeur touristique de la région.
■ SDR Tourisme: Développer l’arrière-pays, rénover les hôtels...
Pour renforcer l’attractivité touristique de la région, la SDR Tourisme (Société de développement régional) mène plusieurs actions et initiatives à l’échelle de la région et du chef-lieu, la capitale du Souss. L’un des outils opérationnels qui a été créé dans notre région est la SDR Tourisme, il y a près de 6 ans.
Avec deux principaux objectifs: le développement de l’arrière-pays, dans le sens de la diversification des produits. Mais aussi l’appui à la rénovation et la mise à niveau des hôtels d’Agadir. «En 2019, nous avions un projet phare à travers l’acquisition du complexe artisanal touristique qui est la Médina d’Agadir», explique Abdelkrim Azenfar, DG de la SDR Tourisme. Cette acquisition a été réalisée grâce à une augmentation du capital de la société, assurée à 100% par le Conseil régional. En 2020, a eu lieu le lancement du plan de développement urbain (PDU). Depuis, la SDR pilote deux principaux projets: la réhabilitation de la Kasbah d’Agadir Oufellah et l’aménagement en 2021 des sites dédiés aux investissements touristiques. S’ajoutent également des actions de promotion avec des institutions partenaires. Six ans après sa création, la SDR procède à l’aménagement de sites culturels avec une nouvelle mission de gestionnaire de sites, tels que la médina et la kasbah d’Agadir Oufella, ou encore le centre d’informations touristiques depuis juillet 2024.
■ Conseil régional du tourisme: «Pour que le touriste ne se contente pas de bronzer... idiot»
Selon Abdelhaq Chahli, 1er vice-président du CRT Souss Massa et président de l’AIH SM, «nous sommes sortis d’une période difficile de Covid. Aussitôt cette page tournée, il fallait mettre à niveau le parc hôtelier de la ville. Parce qu’après 2 ans de fermeture, nous avions des produits qui sont tombés dans l’obsolescence et la vétusté avancée».
Avec la SDR et la contribution de la région, des programmes de mise à niveau des établissements hôteliers et des produits touristiques ont été lancés. Ce qui a nécessité un appui à la fois financier et technique. Et c’est ce qui a permis à la ville de regagner la compétitivité internationale et l’attractivité des visiteurs.
Mais une fois l’infrastructure mise à niveau, il fallait que les services et les ressources humaines suivent. «Là, toute une panoplie de formation, d’adaptation et de nouveaux procédés a été enclenchée auprès de l’ensemble des hôteliers». Mais à eux seuls le service et les infrastructures ne suffisent pas, tient à préciser Chahli. «Il fallait donc créer de l’animation et du contenu pour que le touriste ne se contente pas de bronzer... idiot», poursuit le 1er vice-président du CRT.
Il fallait donc susciter de l’émotion chez le touriste, insiste Chahli. «Dans l’absolu, le touriste ne retient que l’émotion et le ressenti lors d’un voyage et d’un séjour. Ce qui passe par de petites attentions, des expériences mémorables. Donc le défi était de conjuguer l’infrastructure au service et à la qualité ainsi que l’expérience client et l’émotion... pour avoir des clients entièrement satisfaits», explique Abdelhaq Chahli. Et d’ajouter qu’un client satisfait parle autour de lui, écrit et surtout clique et le tour est joué avec le digital. L’écriture en mode digital navigue facilement et fait le tour du monde dans les blogs, les forums de discussions, les avis des clients, les plates-formes électroniques.... «C’est in fine ce qui fait la notoriété de la destination», résume Chahli.
■ SDR Smart Tourisme: Le nouveau-né dans l’écosystème régional
Il n’y a pas de tourisme sans entreprises prestataires de services. Pour promouvoir les TPME du secteur, la SDR Smart Tourisme a été créée il y a 2 ans, pour accompagner, promouvoir et renforcer le tissu des entreprises.
Ce nouveau-né dans l’écosystème touristique régional a pour mission de soutenir les TPE et les PME qui constituent plus de 95% des entreprises touristiques et hôtelières de la région. L’enjeu est «d’aider les entreprises à se développer, créer de la valeur et de la richesse, mais aussi contribuer au développement de la destination», explique Hassan Aboutayeb, directeur général de la SDR Smart Tourisme.
Concrètement, cette structure d’accompagnement a pour mission de promouvoir et soutenir l’entrepreneuriat ainsi que l’investissement ou encore la culture de l’excellence dans les entreprises hôtelières, poursuit le dirigeant. «Notre mode opératoire repose sur des appels à projet au profit des entreprises qui veulent développer leur activité. Les nouvelles créations de sociétés représentent 70% de notre budget. Une fois l’entreprise touristique éligible et sélectionnée, elle entre dans un processus d’appui et d’accompagnement technique et financier. C’est en quelque sorte une période d’incubation pour que l’entreprise devienne pérenne, créatrice de valeur, de richesse et d’emplois», poursuit Hassan Aboutayeb.
L’accompagnement passe par le montage financier, l’appui technique, les études de faisabilité, le business plan, des études architecturales ou paysagistes pour certains projets, des actions de coaching individualisé... Après la période d’incubation, l’entreprise bénéficiaire passe au stade de l’investissement avec la contribution financière par l’attribution de fonds, qui peuvent aller de 10 à 30% de la valeur du projet. La SDR Smart Tourisme encourage généralement les entreprises spécialisées dans l’animation et les loisirs, à raison de 30% du montant global de l’investissement.
Amin RBOUB