«Rabat est une ville verte, la seule entourée d’une ceinture verte et l’une des capitales africaines les plus attractives, avec une extension urbaine maîtrisée. De même, c’est la seule ville marocaine qui a vu sa population diminuer en 10 ans (entre 2014 et 2024)», soutient Abderrahim Ksiri, coordinateur national adjoint de l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD). C’était lors du 1er panel du Forum économique régional de L’Economiste, organisé le 7 novembre à Rabat. Modéré par Ghizlane Ramzi, sa thématique portait sur «Rabat 2030: Modernisation, développement durable et émergence touristique de la capitale».
Cocher un certain nombre de cases
Il y a une vingtaine d’années, la ville était plus perçue comme la capitale du Maroc, une ville administrative et diplomatique sans plus. Aujourd’hui, elle concentre le plus grand nombre d’établissements hôteliers de luxe internationaux au Maroc, le plus de musées, de parcs verts, ou encore d’espaces culturels et artistiques. «Aujourd’hui, il y a plus d’enseignes hôtelières prestigieuses à Rabat qu’à Marrakech», confirme Ismaël Loubaris, directeur commercial du groupe Accor Afrique du Nord.
A la veille du Mondial 2030, le défi de Rabat est de capitaliser sur ses nombreux atouts, dans le sens de plus de convergence et de complémentarités entre les infrastructures, l’aménagement urbain et le transport/mobilité, recommandent les experts. Par ailleurs, le challenge réside désormais dans le développement des capacités d’accueil, de l’hébergement, de l’animation, loisirs.
«Lorsque l’on veut développer l’attractivité touristique d’une destination, il faut avoir une vraie diversité. Cela va de l’hôtellerie de luxe et des 5 étoiles, jusqu’aux établissements de 2 et 3 étoiles, le MICE, l’hébergement non hôtelier, les appartements des plateformes en ligne...», indique Ismaël Loubaris.
Aujourd’hui, Rabat coche un certain nombre de cases à ce niveau-là. «Par le passé, il y avait très peu d’options avec des problèmes de capacités et de saturation», rappelle-t-il. Ces dernières années, la ville a accueilli de nombreuses ouvertures d’unités hôtelières. Ce qui a permis de développer les capacités d’hébergement avec des opportunités touristiques plus importantes. La construction d’un terminal aéroportuaire de nouvelle génération permettra d’augmenter la capacité de sièges d’avions et d’attirer plus de touristes.
«Dans les 5 à 10 prochaines années, Rabat sera une destination touristique de choix aux côtés de Tanger, Marrakech et Agadir. Il y a de réelles opportunités pour la ville pour les 10 prochaines années», estime Ismaël Loubaris.
La clé pour pouvoir réaliser de l’efficacité
Selon l’expert en développement territorial, Tariq Moudden, la notion de durabilité devra être reconsidérée, car elle reste coincée dans des périmètres restreints tels que l’eau, l’agriculture, l’écologie, le climat... «Ce n’est pas du tout la bonne approche, parce que la durabilité doit être multidimensionnelle. Elle est économique, sociale, environnementale... Mais c’est aussi un état d’esprit et un mode de gouvernance. Justement, la gouvernance est un axe stratégique de développement territorial et de la durabilité. L’un ne va pas sans l’autre. C’est la clé pour pouvoir réaliser de l’efficacité, des normes, mobiliser des financements, la mobilité, le tourisme durable...», tient à préciser le panéliste. Selon lui, il faut des décideurs et des acteurs qui réfléchissent de manière propre et de façon que le citoyen soit au cœur de la démarche. L’élu est un citoyen, le service déconcentré de l’Etat est un citoyen, l’expert est un citoyen, l’hôtelier pareil... «Si tous ces acteurs se mettent d’accord sur une identification fine des vrais besoins et des spécificités de leur territoire, le développement durable sera un objectif commun réalisable».
A.R.