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Qui veut assassiner les arbres d’Essaouira ?

Par L'Economiste| Le 06/04/2016 - 18:19 | Partager
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De simple petit port isolé sur une baie de l’Atlantique, battu par des vents irrésistibles, au rang de patrimoine de l’humanité. Essaouira possède un parcours singulier, envié par les cités les plus puissantes de ce monde. La ville a même réussi à dépasser ce statut pour devenir une destination culturelle mondialement connue. Son exceptionnelle beauté, son indicible charme et ses festivals attirent nationaux et étrangers en quête de sérénité et de poésie.

Quinze ans après son classement par l’Unesco, Essaouira souffre aujourd’hui de négligences impardonnables et de dégradations parfois irréversibles. Partie visible de l’iceberg, les araucarias, symbole majestueux de la cité des alizés, ne sont plus désirés dans le paysage urbain. Deux petits hôtels mitoyens sur le boulevard Mohammed V, face à la mer, ont décidé de les supprimer, car ils empêchent de voir et d’être vu. Le premier hôtel est en fonction depuis quelques années. Son propriétaire n’a rien trouvé de mieux que de tailler toutes les branches des deux araucarias qui jouxtent sa façade. Aujourd’hui ces arbres, privés de leurs poumons, sont morts. Le second hôtel est en construction. Imitant le premier, son propriétaire a fait de même. Deux nouveaux araucarias sont condamnés à leur tour. À Essaouira, la société civile s’indigne. "Ces arbres datent de la création de la ville nouvelle... ils sont donc centenaires". Résistants à l’air marin, aux vents parfois violents et à l’absence d’entretien, les araucarias se sont imprimés dans le paysage urbain de la ville et dans la mémoire collective de ses habitants.

"Comment a-t-on pu autoriser ou laisser faire un tel massacre ? Comment expliquer le silence de la municipalité, l’absence de l’agence urbaine et la myopie des autorités ? Jusqu’où ira-t-on dans ce laisser-aller ?", s’interroge-t-on. Mais on est en droit de se demander si l’araucaria n’est finalement pas l’arbre qui cache la forêt. Ici la dégradation des trottoirs, des ruelles de la Médina, des espaces verts. Là, les poissonniers qui crient au scandale de la couverture du marché aux poissons. Ailleurs, la place aux grains livrée aux restaurants bas de gamme et autres commerces incongrus. À l’heure où de nombreux projets sont annoncés à Essaouira, on peut s’inquiéter du devenir de ce patrimoine à la renaissance fragile où il semblerait urgent… juste de ne rien faire.

Y.S.A.

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