Josep Borrell "très content d'être à Fès"
Josep Borrell a animé ce vendredi 6 janvier 2023 une conférence à l'université Euromed de Fès, avant de se rendre en médina pour une visite de la bibliothèque de la Quaraouiyine. Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a été bluffé par la manuscrits préservés au sein de la plus ancienne université au monde.
Voici le texte intégral de la déclaration de Josep Borrell à l'issue de sa conférence à l'UEMF, considérée comme modèle réussi de la coopération UE-Maroc:
"Je suis très content d’être à Fès aujourd’hui pour la deuxième journée de ma visite au Maroc.
J’ai été honoré d’avoir des réunions importantes avec le Chef du gouvernement [Aziz Akhannouch], avec le Ministre des Affaires etrangères [de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita] et avec d’autres membres du conseil des ministres hier à Rabat. J’ai eu l’occasion de discuter d’un certain nombre de sujets bilatéraux entre l’Union européenne et le Maroc, et régionaux. Nous avons parlé de la dimension humaine de notre partenariat, nous sommes deux peuples de la Méditerranée, et nous avons parlé aussi des rapports entre nos jeunesses, et ceci est d’autant [plus] important, c’est un sujet primordial, parce que 42% de la population marocaine a moins de 25 ans. C’est un pays incroyablement jeune, 42% de la population a moins de 25 ans, c’est un pays plein d’avenir.
Et puisqu’il s'agit des jeunes, j’ai eu l’occasion aujourd’hui de m’entretenir avec des étudiants - les étudiants brillants, de l’Université euro-méditerranéenne de Fès. On a discuté des responsabilités stratégiques de l’Europe dans le monde actuel et dans le contexte actuel auquel les jeunes vont faire face dans la Méditerranée. C’est évident que le contexte actuel du monde est marqué par la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine - le 24 février dernier elle a commencé, il ne faut pas l’oublier.
Il ne faut pas oublier que la Russie occupe d’une façon illégale et violente des parties du territoire ukrainien. Que c’est la Russie qui a mené cette agression illégitime. C’est la Russie qui a violé les principes de la Charte des Nations Unis. Et quand l’agresseur parle d’un cessez-le-feu, je pense que la réponse qui nous vient à tous à l'esprit, c'est le scepticisme face à tant d'hypocrisie.
Le Kremlin manque tout à fait de crédibilité et cette déclaration d'une volonté de cessez-le-feu unilatéral n'est pas crédible. Il faut avoir, il faut voir, des choses concrètes, des actions concrètes sur le terrain de la part de la Russie. Il faut avoir un arrêt complet des attaques militaires. Il faut avoir le retrait de ses troupes et de son matériel militaire du territoire ukrainien.
En l'absence de telles actions concrètes, un cessez-le-feu unilatéral apparaît comme une tentative de la Russie de gagner du temps pour regrouper ses troupes et pour essayer de restaurer sa réputation internationale qui est bien endommagée. Il ne faut pas oublier qu'on parle d'une guerre, et si on parle d'une guerre en Europe, il faut aussi avoir présent [en tête que] les répercussions négatives de cette guerre dépassent les frontières de l'Europe et sont globales. Elles touchent toute la Méditerranée. Il faut voir la hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie pour le comprendre.
On connaît bien la propagande russe, cette propagande a voulu nous faire croire que c'étaient les sanctions européennes les responsables de l'augmentation des prix de l'énergie et de la nourriture. C'est complètement faux. C'est l'armée russe qui a détruit les silos des grains, qui a détruit et semé des mines dans les champs, détruit les routes et bloqué les ports de l'Ukraine.
Dans ce contexte, le rôle de l’Union européenne - j’ai expliqué ça aujourd'hui aux étudiants de l’université de Fès - c’est de coopérer davantage avec le reste du monde, et de le faire avec beaucoup d’humilité. Et c’est ça ce que je suis venu faire au Maroc, et notamment avec les jeunes étudiants aujourd’hui, avec ceux qui sont les victimes de la guerre, tout autant que la jeunesse ukrainienne.
Je repars en étant conscient qu'il nous reste un grand chemin à faire ensemble avec le Maroc, avec l'Afrique tout entière, et en particulier avec la jeunesse comme celle qui, ici, dans cette remarquable université, a la possibilité de préparer son avenir. Ça a été un grand plaisir d'échanger avec eux et je remercie le président [Mostapha Bousmina] et le chancelier [Mohamed Kabbaj] de l'Université euroméditerranéenne de Fès."
Y.S.A