À Tanger, les très petites et moyennes entreprises (TPME) ne sont pas juste des figurantes: elles forment 90% du tissu économique et captent une attention croissante. La conférence «Ftour Invest», organisée par le groupe Eco-Médias le 21 mars 2025, a plongé dans cet univers avec une question centrale: comment faire grandir ces acteurs essentiels?

Les réponses sont venues d’experts et d’institutions, dévoilant un arsenal de financements et d’accompagnements taillés pour transformer les TPME en piliers de la croissance régionale. La Société Générale ouvre le bal avec une promesse claire, portée par sa directrice régionale pour la délégation Littoral Nord: «Nous voulons être la banque relationnelle de référence pour les TPME», annonce d'emblée Merieme Aajli, directrice régionale entreprise, délégation Littoral Nord de la Société Générale. Dans cette optique, un Centre d’affaires régional réunit des experts en leasing, factoring, cash management et change, offrant aux PME un parcours fluide pour leurs besoins financiers, avec une transparence qui rassure.
Entrepreneuriat féminin
Pour les TPE, souvent coincées par un accès limité au crédit, des centres «Pro TPE» déploient des services de proximité avec des chargés d’affaires dédiés. «Ce sont elles qui créent l’emploi», remarque Merieme Aajli, et cette approche sur mesure veut briser le cercle vicieux.
Tamwilcom, bras armé de l’État, prend le relais avec une mission tout aussi cruciale. «Nous offrons des garanties de 50 à 80%», détaille Ghoufaira Arhouiche, responsable du Centre d’affaires de Tamwilcom à Tanger, couvrant crédits bancaires, leasing, microfinance et même des prix d’honneur – sauf pour l’immobilier et la pêche hauturière. Ces garanties souveraines déverrouillent les financements, tandis que des dettes partagées, où chaque dirham public attire un dirham privé à des taux de 2 à 2,5%, boostent des priorités comme l’économie verte ou l’entrepreneuriat féminin. Une plateforme digitale, accessible via www.tamwilcom.ma, relie les TPE à neuf banques partenaires, mais «c’est peu communiqué», déplore Ghoufaira Arhouiche, soulignant un besoin de visibilité. Cette offre ne s’arrête pas là: elle inclut des mécanismes thématiques pour les Marocains du monde et des fonds comme «Invest Innov» qui accompagnent les porteurs de projets depuis l’idée jusqu’à la levée de fonds, via des structures labellisées. Les plafonds de financement peuvent atteindre 5 millions de dirhams, une bouffée d’air pour les petites structures en quête de croissance.

Le coup de pouce du public
De son côté, l’Anapec mise sur une approche globale. «Nous proposons une offre intégrale sur cinq axes», explique Abdelghaffar Moustaghfir, chef service prestations à l’entrepreneuriat et à la TPE à l’Anapec. Des parcours personnalisés guident quatre cibles – porteurs de projets, TPE, entrepreneurs établis et informels –, avec des livrables concrets par phase: plan d’action personnel avant l’idée, business plan en précréation, et plan de développement après. Une méthode d’apprentissage par l’action, via jeux de rôles et mises en situation, donne aux entrepreneurs les clés pour avancer seuls. Un catalogue de formations, des partenariats pour les financements et un réseau de 92 agences – plus 160 points ruraux – assurent une présence très importante.
Les dispositifs publics amplifient cet élan, et leur impact est tangible. Le Centre régional d’investissement (CRI) de Tanger a géré plus de 10.000 dossiers en 2024, soit 85 milliards de dirhams potentiels, jouant les guichets uniques avec brio. Depuis janvier 2025, la charte de l’investissement décentralise les projets sous 250 millions de dirhams, et un décret imminent promet des subventions adaptées aux TPME, renforçant leur accès aux opportunités. Le Conseil régional, avec son Plan de développement régional doté de 20 milliards de dirhams, consacre la moitié à l’économie, dont un fonds d’appui subventionnant jusqu’à 30% des petits projets créateurs d’emplois, une aubaine pour les entrepreneurs locaux.
Toute la région bénéficiaire
Cet écosystème ne se limite pas à Tanger: il rayonne dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, où les TPME trouvent des appuis pour s’ancrer et se développer. «Il faut qu’elles grandissent et exportent», estiment les responsables, et cet objectif prend forme grâce à une synergie entre acteurs publics et privés. Entre financements accessibles, garanties solides et accompagnement de terrain, Tanger transforme ses petites entreprises en acteurs prêts à rayonner bien au-delà de la région, avec des outils pensés pour chaque étape de leur parcours, de l’idée initiale à une ambition internationale.
Radia LAHLOU