Courte échelle

Le soupir de soulagement est perceptible. Ils sont enfin là. Le casting du nouveau gouvernement se prête à plusieurs lectures. La première est de plébisciter ce qui s’apparente à une équipe d’expérience, avec beaucoup de ministres reconduits à des portefeuilles stratégiques. Ce qui ne serait pas si mauvais pour la continuité des dossiers. Toutes les lectures ne sont pas aussi optimistes. Le retour de certains profils «incolores, inodores et sans saveur» passe mal, comme si l’on reprenait les mêmes (ou presque) et l’on recommence. Il repose encore une fois la question du renouvellement de l’élite politique et le lancinant espoir de ne plus en faire un vœu pieux.
Les attentes de changement piétinent chez l’ensemble des formations et les explications sont à chercher à la fois dans l’absence de démocratie interne et un mode de scrutin qui n’incite pas tellement à la mise à niveau. Ce n’est pas seulement une affaire de nouvelles têtes, mais surtout de nouvelles idées et de nouvelles manières de travailler.
Le PJD montre encore une fois qu’il n’a pas de cadres puisqu’il ressert le même casting alors que la plupart de ses cartes, à l’exception de Daoudi, ont lamentablement échoué dans le gouvernement précédent. Dans la mouture El Othmani, certains départements importants ont certes grossi mais sans certitudes sur leurs soubassements.
Si cette hypertrophie répond à une vision, à des soucis de complétude et de complémentarité entre secteurs, elle ne peut se limiter à des considérations sémantiques. Il faudra plutôt que ce gouvernement puisse le prouver par les actes et le rendement les prochains mois. Autrement, les Marocains vont croire qu’El Othmani a trop cédé, qu’il a fait la courte échelle aux calculs politiques ainsi qu’aux bagarres, avec les dents et les ongles, pour les postes.